Les khmers rouges ont
exterminé en moins de quatre ans un quart de la population du Cambodge. Le
procès de la dictature communiste a pourtant bénéficié d’un traitement médiatique
particulièrement discret en France, où fut formé Pol Pot.
Roshane Saidnattar, rescapée des camps des khmers rouges,
était à la médiathèque
de Sainte-Savine (Aube) pour présenter son documentaire, L'important c'est de rester vivant. Ce film est un témoignage sur des évènements historiques et
d'actualité.
Historiques puisque le régime communiste fut responsable de
l'extermination
de 2 millions de Cambodgiens (le quart de la population !) entre avril 1975
et janvier 1979.
D'actualité puisque le procès des quatre plus hauts
dignitaires survivants du régime s'est ouvert le 27 juin dernier. Et la
couverture médiatique fut minimale pour un génocide d’une telle
ampleur. Ce procès, qui aurait pu être un Nüremberg du communisme, s'est donc déroulé dans
un relatif anonymat. L'article laisse d’ailleurs un goût d'inachevé puisque pas
une seule fois le journaliste n'utilise le terme de communiste. Cela fait
partie du processus de respectabilisation, mis en lumière par Jean-François
Revel dans La grande parade, qui consiste en un traitement médiatique inégal entre les crimes selon que ceux-ci soient commis par des nazis ou des communistes
(les exactions de ces derniers étant pourtant beaucoup plus nombreuses). On observe la même mansuétude dans le journal
Libération après le dernier verdict condamnant
« Douch » à la perpétuité. Ce dernier avait été condamné à 30 ans en
première instance.
Petit rappel
historique
Les Khmers rouges, menés par Pol Pot et soutenus par la Chine, sont en guerre contre
les forces gouvernementales, qui bénéficient du soutien du Viêt Nam du Sud et des
Etats-Unis. Le désengagement de ces derniers en 1973 est fatal au régime brutal
et corrompu de Lon Nol. L’armée n’est capable que de défendre la capitale,
Phnom Penh, surpeuplée de réfugiés fuyant les bombardements américains ou les
mesures drastiques imposées dans les zones rurales par les Khmers rouges.
Ceux-ci finissent par prendre la capitale le 17 avril 1975 pour mettre en place
un régime autoritaire maoïste.
Le rôle essentiel du communisme parisien dans la formation
du monstre avait été présenté au tribunal par Raoul-Marc Jennar lors du procès
de « Douch » en 2009. Ce sinistre personnage a dirigé la sinistre
prison S-21, de laquelle seulement sept survivants sur 20 000 détenus sont
sortis. Saloth Sar, qui prendra le pseudonyme de Pol Pot, avait en effet étudié
à la Sorbonne. S’il
n’obtint aucun diplôme, il se forma à
l'idéologie marxiste en compagnie de Yeng Sary et Khieu Samphan, qui seront
plus tard ses fidèles lieutenants dans le génocide. Tous lisaient
quotidiennement "L'Humanité", qui fêtera leur arrivée au pouvoir. Le
24 avril 1975, le responsable
de la rubrique Asie du journal communiste, Jean-Émile Vidal exultait :
« La fête du
peuple. Et déjà, le gouvernement royal d'Union nationale et le Front uni
national ont pris des mesures pour que les plus déshérités, ceux qui ont souffert
dans les villes sous contrôle de l'ennemi tandis qu'une poignée de gens
faisaient fortune, aient part aux réjouissances. Les stocks de vivres détenus
par les spéculateurs ont été réquisitionnés. Des campagnes arrivent le riz et
la viande. Les prix du riz, du porc et du bœuf ont été réduits en quelques
jours dans des proportions considérables. »
Pancarte déposée par
un anonyme prise en photo dans un temple à une quinzaine de kilomètres au
sud-ouest de Phnom Penh. Neuf mille crânes de victimes du régime communiste y
sont entreposés.
Pol-Pot, secrétaire général du Parti Communiste Kampuchéen,
fera ainsi régner la terreur pendant quatre années. Les citadins et les
intellectuels, assimilés à la bourgeoisie et au capitalisme, sont forcés
d’aller travailler dans des champs ou envoyés dans des prisons d'État qui ont été
instituées dans tout le pays. La monnaie, la famille, la religion et la
propriété privée sont abolies. Deux millions d'être humains perdront la vie
suite aux famines, maladies et sévices.
Le 25 décembre 1978, redoutant le chaos s'installant chez
son voisin, le Viêt Nam envahit le Cambodge. Le régime des Khmers rouges
s’effondre rapidement et Pol-Pot s’enfuit dans la jungle où il tentera de
reconstruire une guérilla pour revenir aux « affaires ». Condamné à mort par
contumace, il trouvera une retraite dorée en Thaïlande où il sera finalement
retrouvé mais s'éteindra en 1998, à 73 ans, avant d'avoir pu être jugé pour ses
crimes.
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